de Bordeaux 16(2004), 1–17
Nombres de Bell et somme de factorielles
parDaniel BARSKY etB´enali BENZAGHOU
R´esum´e. Dj. Kurepa a conjectur´e que pour tout nombre
pre-mier impair,p, la sommePp−1
n=0n! n’est pas divisible parp. Cette
somme est reli´ee aux nombres de Bell qui apparaissent en com-binatoire ´enum´erative. Nous donnons une expression du n-i`eme nombre de Bell modulopcomme la trace de la puissancen-i`eme d’un ´el´ement fixe dans l’extension d’Artin-Schreier de degr´epdu corps premier `ap´el´ements. Cette expression permet de d´emontrer la conjecture de Kurepa en la ramenant `a un probl`eme d’alg`ebre lin´eaire.
Abstract. Dj. Kurepa has conjectured that for any odd prime
numberp, the sumPp−1
n=0n! is not divisible byp. This sum is
rela-ted to the Bell numbers that occur in enumerative combinatorics. We give a formula for then-th Bell number modulopas the trace of then-th power of a fixed element in the Artin-Schreier exten-sion of degreepof the field withpelements. This formula allows us to prove the Kurepa’s conjecture by reducing it to a linear algebra problem.
1. Introduction.
Dj. Kurepa a conjectur´e dans [7] que sipest un nombre premier impair, la somme κp =Ppn−=01n! n’est pas divisible par p, par exemple
κ2= 2, κ3 ≡1 mod 3, κ5≡4 mod 5,
κ7≡6 mod 7, . . . , κ53≡13 mod 53, . . .
A. Gertsch a remarqu´e dans sa th`ese, [4], que les nombres de Bell qui apparaissent en combinatoire ´enum´erative sont li´es aux κp (modp). En
effet si l’on notePn le n-i`eme nombre de Bell alors par d´efinition
Pn= n X
k=1
S(n, k)
o`uS(n, k) est le nombre de Stirling de deuxi`eme esp`ece, cf. [3]. Or
S(p−1, k)≡(p−1−k)! mod pZ, 1≤k≤p−1
et doncPp−1−1≡κp.
Nous utilisons cette remarque et les r´esultats que nous avons sur les nombres de Bell moduloppour d´emontrer cette conjecture.
1.1. Notations. Le n-i`eme nombre de Bell, Pn, compte le nombre de
partitions d’un ensemble `a n-´el´ements en sous-ensembles non-vides. Leurs premi`eres valeurs sont :
P0 = 1, P1 = 1, P2 = 2, P3 = 5, P4= 15, P5 = 52, . . . , P15= 1 382 958 545
Nous notons respectivementN={1,2, . . .}les entiers naturels,Zles entiers relatifs, Qles nombres rationnels.
Soit pun nombre premier, que nous supposerons impair sauf indication contraire. Nous notons Fp ≃ Z/pZ le corps premier `a p ´el´ements, Fp une clˆoture alg´ebrique de Fp. Nous confondrons les ´el´ements de Fp avec leurs ant´ec´edents dansZ par la surjection canonique deZsur Fp.
1.2. R´esultats. Le r´esultat principal est la preuve de la conjecture de Kurepa au th´eor`eme 3. Nous montrons au th´eor`eme 1 que la fonction g´en´eratrice des nombres de Bell, F(x) = X
n≥0
Pnxn, est congrue modulo
pZ[[x]] `a (la s´erie de Taylor en z´ero de) la fraction rationnelle :
(1) Fp(x) = Pp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x) 1−xp−1−xp .
Remarque. Ce r´esultat se g´en´eralise ais´ement, on peut montrer que la s´erie g´en´eratrice des nombres de Bell est congrue modulo phZ[[x]] `a une fraction rationnelle Fp,h(x). On en d´eduit des congruences modulo phZ
pour les nombres de Bell en utilisant un peu d’analysep-adique. Ce point de vue est d´evelopp´e dans [2].
On poseFp(x) = X
n≥0
Pn,pxn, on a doncPn,p≡Pn (modpZ). La fraction
rationnelle Fp(x) poss`ede un d´eveloppement en s´erie de Laurent `a l’infini
not´eX
n≥0
−P−n,p
xn . On constate queP−1,p≡ p−1
X
n=0
n! (modpZ).
Soitθ−1 une racine dansF
p du polynˆomexp+xp−1−1 et soitFp =Fp[θ].
On montre au th´eor`eme 2 que, sicp = 1 + 2p+· · ·+ (p−1)pp−2, on a pour
n∈Z
Pn,p≡ −TrFp/Fp θ cp
TrFp/Fp θ
−cp−1+n
mod pZ
Nous en d´eduisons en particulier que
P−1,p≡ −TrFp/Fp θ cpTrF
p/Fp θ
−cp−2,
donc
P−1,p≡0 mod pZ⇐⇒TrFp/Fp θ
−cp−2
= 0.
On d´ecompose θ−cp sur la F
p-base normale de Fp, constitu´ee par les
´el´ements 1
θ+i (0 ≤i ≤ p−1). On pose θ
−cp = p−1
X
i=0
λi
θ+i, (λi ∈ Fp). On
montre au lemme 9 que lesλi satisfont un syst`eme dep´equations lin´eaires
que nous ne savons pas r´esoudre explicitement en toute g´en´eralit´e. Par contre on montre que l’on a toujours λ1 = 0, (cf. relations (16)), et que
κp = 0 ´equivaut `a λp−1= 0, (cf. lemme 10).
Pour montrer la conjecture de Kurepa nous raisonnons par l’absurde. Nous montrons au th´eor`eme 3 que, pour p premier impair, l’hypoth`ese
κp ≡0 (mod p) implique queλi = 0 pour 0≤i≤p−1, autrement dit que
θ−cp = 0, ce qui est absurde car l’´equationxp−x−1 n’a pasx= 0 comme
racine.
Nous remercions A. Robert pour avoir attir´e notre attention sur ce probl`eme. Nous remercions A. Junod et S. Zerroukhat de nous avoir si-gnal´e des erreurs graves dans les versions ant´erieures.
1.3. Rappels sur les nombres de Bell. Nous rappelons tout d’abord la d´efinition des nombres de Bell. Pour toutes les questions de combinatoire notre r´ef´erence est Comtet, cf. [3].
D´efinition 1. Le n-i`eme nombre de Bell, Pn, est le nombre de partitions
d’un ensemble `a n´el´ements en sous-ensembles non-vides.
Lemme 1. Les nombres de Bell sont caract´eris´es par la relation de r´ecur-rence suivante :
P0 = 1 et Pn+1=
n X
k=0
n k
Pk si n≥0.
Leur fonction g´en´eratrice ordinaire est :
F(x) =X
n≥0
Pnxn= X
n≥0
xn
(1−x). . .(1−nx)
D´emonstration : Pour la d´emonstration voir [3].
2. Nombres de Bell modulo p.
Nous notonsPn,pla r´eduction modulopZdu n-i`eme nombre de Bell que
nous confondrons avec l’image de Pn dansFp.
Nous utiliserons dans toute la suite la d´efinition classique suivante :
D´efinition 2. Soient G(x),H(x) deux fractions rationnelles de Q(x) , on suppose queG(x) etH(x)sont d´eveloppables formellement au voisinage de z´ero en s´eries de Taylor `a coefficients entiers relatifs :
G(x) =X
n≥0
gnxn∈Z[[x]], H(x) = X
n≥0
hnxn∈Z[[x]].
On dira que G(x) est congrue `a H(x) modulo pZ[[x]] si leurs s´eries de Taylor en z´ero le sont, autrement dit :
G(x)≡H(x) mod pZ[[x]]⇐⇒X n≥0
gnxn≡ X
n≥0
hnxn mod pZ[[x]].
Avec cette d´efinition on a :
Th´eor`eme 1. Soit p un nombre premier et soit
Fp(x) = Pp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x) 1−xp−1−xp
alors la fonction g´en´eratrice des nombres de Bell est congrue modulopZ[[x]] `
a Fp(x).
D´emonstration : La preuve est ´el´ementaire. On a :
X
n≥0
Pnxn= X
n≥0
xn
(1−x). . .(1−nx)
=
p−1
X
n=0
X
j≥0
xjp+n
(1−x). . .(1−(jp+n)x)
donc
X
n≥0
Pnxn=
=
p−1
X
n=0
X
j≥0
xn
(1−(jp+ 1)x). . .(1−(jp+n)x) ·
xjp
(1−x). . .(1−jpx).
On remarque que
xjp
(1−x). . .(1−jpx) ≡
xp
(1−x). . .(1−px)
j
et que
xn
(1−(jp+ 1)x). . .(1−(jp+n)x) ≡
xn
(1−x). . .(1−nx) mod pZ[[x]]. De l`a il vient imm´ediatement :
X
n≥0
Pn,pxn≡
≡ p−1
X
n=0
xn
(1−x). . .(1−nx)
X
j≥0
xp
(1−x). . .(1−px)
j
modpZ[[x]],
et en sommant la s´erie g´eom´etrique enj, il vient finalement :
X
n≥0
Pn,pxn≡ Pp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x)
(1−x). . .(1−(p−1)x)−xp mod pZ[[x]]
o`u par convention dans la sommePp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x) le terme correspondant `a n=p−1 vaut xp−1, (on applique la convention
classique : un produit vide vaut 1).
Corollaire 1. La (s´erie de Taylor en z´ero) de la fraction rationnelle Fp(x)
est congrue modulo pZ[[x]] `a
(2) Fp(x)≡
Pp−2
n=0Pn,pxn
+ (Pp−1,p−P0,p)xp−1
1−xp−1−xp mod pZ[[x]]
D´emonstration : On a montr´e au th´eor`eme 1 que
X
n≥0
Pn,pxn≡ Pp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x)
1−xp−1−xp mod pZ[[x]]
multiplions les deux membres par 1−xp−1−xp et identifions, il vient :
p−2
X
n=0
Pn,pxn+ (Pp−1,p−P0,p)xp−1 ≡
≡ p−1
X
n=0
xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x) modpZ[[x]].
On en d´eduit imm´ediatement que
Fp(x)≡ Pp−2
n=0Pn,pxn+ (Pp−1,p−P0,p)xp−1
1−xp−1−xp modpZ[[x]]
Nous allons ´etudier les z´eros dansFp du d´enominateurDp(x) de la
Lemme 2. SoitDp(x) = 1−xp−1−xp. Notonsθ−i 1 ,1≤i≤p, les racines
deDp(x) dans Fp, elles v´erifient
– θip=θi+ 1.
– θi 6=θj dans Fpsii6=j.
– Fp = Fp(θi) est une extension d’Artin-Schreier de degr´e p de Fp,
dont le groupe de Galois Gal(Fp/Fp), isomorphe `a (Z/pZ,+), a pour g´en´erateur le Frobeniusσp: x7−→xp.
D´emonstration : Le polynˆome xp −x −1 = xpDp,1 x−1 est `a racines
simples car d
dxDp,1(x) = (px+ (p−1)x)x
p−2. Il est irr´eductible surF
p, cf.
[8]. On a θpi −θi −1 = 0. On v´erifie que, dans Fp, si θ est une racine de
xp−x−1, alorsθ+ 1 aussi car :
(θ+ 1)p−(θ+ 1)−1 = (θp+ 1)−(θ+ 1) + 1 =θp−θ−1 = 0
donc dansFp les racines deDp,1 sont 1
θ,
1
θ+ 1,..., 1
θ+ (p−1).
Le polynˆome xp −x−1 est de type Artin-Schreier et on sait que ces polynˆomes engendrent des extensions s´eparables de Fp, dont le groupe de Galois Gal(Fp/Fp), isomorphe `a (Z/pZ,+), est engendr´e par le Frobenius
σp :x7→xp, cf. [8].
Nous allons donner une expression des nombres de Bell modulopau th´eo-r`eme 1 comme la trace de certaines puissances deθ. Pour les propri´et´es des corps finis notre r´ef´erence est [8].
Dans le lemme suivant nous donnons quelques propri´et´es ´el´ementaires des racines θdu polynˆomexp−x−1 dans Fp.
Lemme 3. Soit θ une racine du polynˆome xp−x−1 dans Fp. Les autres racines dansFp de ce polynˆome sontθ+i pour1≤i≤p−1. On a :
TrFp/Fp(θ
i) = 0 pour 0≤i≤p−2,
−TrFp/Fp(θ
−1) = TrF
p/Fp(θ
p−1) = 1.
Posons :
tp=
pp−1
p−1 = 1 +p+· · ·+p
p−1, c
p =
pp−t p
p−1 = 1 + 2p+· · ·+ (p−1)p
p−2,
Notons encore,σp : x7−→xp, le Frobenius absolu deFp. Avec ces notations
on a dans Fp :
θps =σsp(θ) =θ+s, θtp= 1
(3)
nθcpp−1 =θ
(4)
σps θcp=θcp·θ(θ+ 1). . .(θ+s−1).
D´emonstration : On a vu que le polynˆome xp−x−1 engendre une
ex-tension d’Artin-Schreier, Fp = Fp[θ] de Fp. Un g´en´erateur de Gal(Fp/Fp)
est le Frobenius absolu, σp, qui `a a ∈ Fp associe σp(a) = ap. On a bien
´evidemment dans Fp :
σpi(θ) =θpi =θ+i pour i∈Z, et (θ+i)p−(θ+i)−1 = 0
TrFp/Fp(1) = TrFp/Fp(θ) =. . .= TrFp/Fp(θp−2) = 0
TrFp/Fp(θ
p−1) = Tr Fp/Fp
1
θ+ 1−1
= TrFp/Fp
1
θ
et il est ´evident que T rFp/Fp
1
θ
= −1 car le polynˆome r´eciproque de
xp−x−1 estxp+xp−1−1.
La norme deθ surFp est par d´efinition :
NFp/Fp(θ) =θ
1+p+···+pp−1
=θtp
cette norme vaut 1 car le polynˆome minimal de θ est xp −x −1. Donc l’application
N−→Fp
n7−→θn
est p´eriodique de p´eriode divisanttp, par cons´equent θcp p−1
=θpp−tp =θ.
Un calcul ´el´ementaire montre quecp =
pp−t p
p−1 = 1+2p+· · ·+(p−1)p
p−2∈
N.
Consid´erons l’´el´ementθcp deF
p, alors :
σp θcp=θpcp =θp· pp−tp
p−1 =θcp+pp−tp =θcp×θpp =θcp×θ .
On montre alors facilement par r´ecurrence que :
σps θcp=θcp×θ(θ+ 1). . .(θ+s−1).
Remarque. La relation θcpp−1=θmontre queθcpest une racine (p−
1)-i`eme deθ dans Fp, les racines (p−1)-i`emes de θ sont exactement les nθcp
pour 1≤n≤p−1.
Lemme 4. Soit θ une racine dansFp du polynˆome xp−x−1 et soit
Fp(x) = X
θp=θ+1 µθ
1−θx
la d´ecomposition de Fp(x) en ´el´ements simples dans Fp(x). On a :
(6) µθ =−θ−cp−1TrFp/Fp θ cp=
D´emonstration : On a dans Fp :
µθ= Pp−1
n=0θ−n(1−(n+ 1)θ−1). . .(1−(p−1)θ−1)
−θ1−p .
Donc :
µθ =− p−1
X
n=0
(θ−(n+ 1)). . .(θ−(p−1)) =− p−1
X
n=0
(θ+ 1). . .(θ+n)
avec la convention que pourn= 0 le terme correspondant dans la derni`ere somme vaut 1.
D’apr`es la relation (5) on a
µθ=−θ−cp−1
θcp1 +θ+θ(θ+ 1) +· · ·+θ(θ+ 1). . .(θ+p−2)
=−θ−cp−1 p−1
X
i=0
σip θcp
=−θ−cp−1Tr
Fp/Fp θ cp
.
On a aussi d’apr`es le corollaire 1 :
µθ=− P0,p·θp−1+P1,p·θp−2+· · ·+Pp−2,p·θ+ (Pp−1,p−P0,p).
D´efinition 3. La fraction rationnelle Fp(x)∈Fp(x)poss`ede un
d´eveloppe-ment de Laurent au voisinage de l’infini que l’on note :
(7) Fp(x) =−
X
n≥1
P−n,p
xn .
En effet on a
Fp(x) = Pp−1
n=0xn(1−x(n+ 1)). . .(1−x(p−1)) 1−xp−1−xp
= 1
x
Pp−1
n=0(x−1−x(n+ 1)). . .(x−1−(p−1))
x−p−x−1−1
il est clair que l’on peut d´evelopper cette derni`ere expression en s´erie de Laurent.
Th´eor`eme 2. On a dans Fp, pour n∈Z
(8) Pn,p=−TrFp/Fp θ
cp·TrF p/Fp θ
−cp−1+n.
D´emonstration : On tire du lemme 4 que dansFp on a pourn∈Z:
Pn,p= X
θp=θ+1 µθθn.
Le lemme 4 permet d’´ecrire l’expression pr´ec´edente sous la forme
Pn,p=− X
θp=θ+1
TrFp/Fp θ
Or les racines du polynˆomexp−x−1 dansF
p se d´eduisent de l’une d’entre
elle par l’action des puissances successives du Frobenius. On en d´eduit que dansFp on a :
Pn,p=−TrFp/Fp θ cpTrF
p/Fp θ
−cp−1+n,
d’o`u la formule (8).
3. Preuve de la conjecture de Kurepa.
Posons pour tout nombre premierκp =Ppn−=01n!. Nous sommes mainte-nant en mesure de d´emontrer la conjecture de Dj. Kurepa, cf. [7] :
κp n’est pas divisible par p sip >2.
Lemme 5. Avec les notations pr´ec´edentes on a dans Fp :
P−1,p=Pp−1,p−P0,p, et P−1,p= p−1
X
n=0
n! =κp
D´emonstration : On a vu au corollaire 1 que dans Fp,
Fp(x) =
P0,p+P1,px+· · ·+Pp−2,pxp−2+ (Pp−1,p−P0,p)xp−1
1−xp−1−xp
d’o`u la premi`ere expression deP−1,p (comparer avec l’introduction).
Pour la deuxi`eme expression, soit
Fp(x) = Pp−1
n=0xn(1−(n+ 1)x). . .(1−(p−1)x) 1−xp−1−xp ,
d’apr`es la d´efinition 3 cette fraction rationnelle poss`ede un d´eveloppement
en s´erie de Laurent not´e :F(x) =−X n≥1
P−n,p
xn . On a donc par identification :
(9) P−1,p= p−1
X
n=0
(−1)p−n−1(n+ 1)(n+ 2). . .(p−1)
En rempla¸cantn parp−(p−n) dans l’expression pr´ec´edente il vient
P−1,p= p−1
X
n=0
(−1)p−(n+1)(p−(p−(n+ 1))(p−(p−(n+ 2)). . .2·1
et en r´eduisant modulopil vient
P−1,p≡ p−1
X
n=0
n! (modp)
Lemme 6. Les ´el´ements deFp, 1
D´emonstration : On remarque tout d’abord que par d´efinition les 1
θ+i,
Par ailleurs on a
Par ailleurs on a
TrFp/Fp
Finalement on a montr´e que :
Autrement dit les
1
θ+i
, 0 ≤ i ≤ p−1, forment une base auto-duale
pour la forme bilin´eaire non d´eg´en´er´ee sur Fp,hx, yi = TrFp/Fp(xy) cf. [8].
On tire imm´ediatement de la relation (11)
αi= TrFp/Fp
Z
θ+i
On peut remarquer de mani`ere alternative que dansFp : 1
θ+i = (θ+i)
p−1−1 = (θ+i+ 1)(θ+i+ 2). . .(θ+i+p−1).
Autrement dit les 1
θ+i, 0 ≤ i ≤ p−1, sont au coefficient −1 pr`es les
valeurs en θ des polynˆomes d’interpolation de Lagrange sur les points 0, 1,... p−1, ce qui suffit `a montrer qu’ils forment uneFp-base de Fp.
On tire imm´ediatement de la relation (10) que si Z ∈ Fp avec Z = p−1
X
i=0
αi
θ+i, (αi ∈Fp) alors TrFp/Fp(Z) =− p−1
X
i=0
αi.
Remarque. Tous les calculs qui suivent sont faits dansFp. Lemme 7. On a l’´equivalence i) ⇐⇒ii)
i): la constante de Kurepa,κp = 0! + 1! +· · ·+ (p−1)!, est premi`ere `a
p
ii): TrFp/Fp
1
θcp(θ−1)
6
= 0
D´emonstration : On a vu au lemme 5 que
κp ≡0 mod p
⇐⇒ P−1,p≡0 mod p
et au th´eor`eme 2 que P−1,p =−TrFp/Fp θ
cp·TrF p/Fp θ
−cp−2.
Or −TrFp/Fp θcp 6= 0 dans F
p, par exemple parce que P0,p = 1, (on
peut en fait calculer sa valeur en fonction dep). On a donc n´ecessairement
κp= 0⇐⇒TrFp/Fp(θ
−cp−2) = 0.
Or d’apr`es le lemme 3 on a θ−cp−2 =θ−pcpθ−1 =σ
p θ−cp(θ−1)−1
, et il est ´evident que
TrFp/Fp(θ
−cp−2) = Tr
Fp/Fp σp θ
−cp(θ−1)−1
= TrFp/Fp θ
−cp(θ−1)−1
.
Nous allons calculer les composantes λi, 0 ≤ i ≤ p−1, de θ−cp sur la
Fp-base de Fp, 1
θ+i, 0≤ i≤ p−1 sous l’hypoth`ese κp = 0. Nous allons
contredit ´evidemment θ−cp−2 6= 0, puisque θ 6= 0 en tant que racine du
On a d’une part d’apr`es le lemme 3
(15) θ−pcp =
On a d’autre part
par cons´equent
De cette relation on tire imm´ediatement que si p >2
(16) θ−cp−1 = 1
La rapprochement des relations (15) et (16) donne si p >2
p−1
et en identifiant les coefficients de (θ+i)−1 dans les deux membres on obtient les relations annonc´ees.
La relationλ0−λ1=λ0 impliqueλ1= 0. Le cas p= 2 se traite
directe-ment.
Lemme 10. Avec les notations du lemme 8 on a
D´emonstration : On v´erifie directement queκ2 = 0!+1! = 2. On supposera donc dans toute la suite de la d´emonstration quep >2.
On garde les notations du lemme 9. On pose donc
θ−cp= p−1
X
i=0
λi
θ+i, λi∈Fp.
On raisonne par l’absurde en supposant que pour p > 2 on a κp ≡ 0
(modp). D’apr`es le lemme 10 on a alorsλp−1 = 0. En tenant compte de la relationλp−1= 0, le lemme 9 donne alors la relation
(17)
p−1
X
i=1
λi
i −λ0 = 0.
Posons
X0=λ0, et Xi=
λ0−λi
i , pour 1≤i≤p−1.
Avec ces nouvelles inconnues le syst`eme (13) et (14) devient sous les hy-poth`esesp >2 et κp = 0, (⇔λp−1 = 0) :
p−1
X
i=1
Xi =X0 (18)
X1 =X0
X2 =−X1+X0
X3 =−2X2+X0 ..
.
Xi =−(i−1)Xi−1+X0 ..
.
Xp−1 =−(p−2)Xp−2+X0. (19)
– La relation (18) provient de la relation (17) et de la remarque suivante :
si p >2 alors
p−1
X
i=1 1
i = 0 et donc
p−1
X
i=1
λi
i −λ0=
p−1
X
i=1
λi−λ0
i −λ0.
– Les relations (19) proviennent des relations (14) par un simple chan-gement de variable.
Remarque. L’hypoth`ese κp = 0 n’est pas utilis´ee pour les relations (19)
On tire facilement par r´ecurrence des relations (19) que pourp >2 :
En effet faisons l’hypoth`ese de r´ecurrence : – Pour 2≤i≤p−1 on a relations (19) donnent en tenant compte de l’hypoth`ese de r´ecurrence :
Xi+1 =−i·X0
Les relations (20) sont d´emontr´ees.
Avec la convention habituelle qu’un produit vide vaut 1, il vient si d≥
Ajoutons membre `a membre les relations (20) il vient :
Or, toujours avec la convention qu’un produit vide vaut 1, on a :
On vient donc de montrer que :
(21) (p >2 etκp= 0) =⇒
p−1
X
i=1
Xi= 0
et donc en comparant la relation (21) avec la relation (18) il vient :
(22) (p >2 et κp = 0) =⇒X0= 0.
Or X0 = λ0, reportons la valeur λ0 = 0 dans les relations (14) il vient imm´ediatemment en utilisant la relation λ1 = 0 donn´ee au lemme 9 :
(23) (p >2 etκp= 0) =⇒ 0 =λ0=λ1 =λ2=· · ·=λp−2 =λp−1.
On a donc montr´e que :
(24) (p >2 etκp = 0) =⇒θ−cp = 0
ce qui est absurde car θ 6= 0 puisqu’il est racine de xp −x−1 = 0. La d´emonstration de la conjecture de Kurepa est compl`ete.
Bibliographie
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DanielBarsky
Universit´e Paris 13 Institut Galil´ee
LAGA, URA CNRS n◦742
Av J.-B. Cl´ement
F-93430 VILLETANEUSE, France
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B´enaliBenzaghou
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Bab Ezzouar
1611 ALGER, Alg´erie