COURS DE G
COURS DE G
É
É
OPOLITIQUE
OPOLITIQUE
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L’expérience de la rapide expansion continentale
des États-Unis a constitué un motif d’inspiration pour
les géopoliticiens classiques (surtout allemands)
Mais en tant que puissance émergente,
révisionniste, les États-Unis donnent naissance
eux aussi à une école géopolitique
Son représentant le plus important est
le contre-amiral Alfred Thayer Mahan (1840-1914)
Alfred
Alfred
Mahan
Mahan
est le th
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oricien du
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«
«
seapower
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»
»
Quiconque contrôle la mer contrôle le commerce ; quiconque contrôle le commerce
du monde contrôle la richesse du monde, et par conséquent le monde lui-même.
Sir Walter Raleigh (1554-1618), A Discourse of the Invention of Ships, Anchors, Compass, &c.
Qui contrôle la mer, jouit de la plus grande liberté, et peut décider de mener toutes
les guerres qu’il veut. Alors que ceux qui sont les plus forts par voie de terre,
sont souvent dans la détresse.
Francis Bacon (1561-1626), Of the True Greatness of Kingdoms and Estates
Qui contrôle la mer contrôle le monde.
Alfred Mahan, 1890
Qui contrôle la mer – contrôle le commerce.
Mahan
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l
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navaliste
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Mackinder
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(1861
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-
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est le contrôle de la terre qui est d
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cisif
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le contrôle du
le contrôle du
heartland
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Pour Mackinder l’histoire mondiale commence au XVe siècle
avec la conquête des mers, et donc du monde,
quand l’Europe se « désenclave », allant au-delà de ses limites
naturelles (mer, glace et forêts au nord, océan à l’ouest, désert
Mais le XIXe siècle a restitué la primauté à la terre, grâce à
1) la colonisation et
2) une plus grande mobilité
que rend possible le chemin de fer
The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783
sort en 1890
L’expansion continentale des États-Unis s’est achevée
Son expansion économique pas encore
L’expansion ultérieure doit
nécessairement dépasser l’espace continental
L’Angleterre a dominé le monde
grâce1) à son insularité, 2) à sa supériorité industrielle et commerciale,
3) à sa marine marchande, 4) à sa flotte militaire, 5) aux bases maritimes
stratégiques et 6) à son empire, qui est la réserve de ses matières premières
Les USA, sans aucune menace à leurs frontières terrestres, sont
une sorte d’île : ils peuvent et ils doivent suivre l’exemple anglais
Qu’ils le veuillent ou non, les Américains doivent
maintenant commencer à regarder vers l’extérieur. La
production croissante du pays l’exige. … La position des
États-Unis, entre les deux Vieux Mondes et les deux
grands océans, détermine la même nécessité…
Les besoins militaires des États sur la côte du Pacifique,
aussi bien que leur importance suprême pour le pays
tout entier,
constituent un problème pour l’avenir…
Trois choses sont nécessaires : D’abord, la protection des
ports les plus importants. Deuxièmement, la force
navale, l’arme d’une puissance offensive, qui seule
permet à un pays de prolonger son influence à
l’extérieur. Troisièmement, une résolution immuable de
notre politique nationale devrait être qu’aucun État
étranger n’acquière dorénavant une position
susceptible d’être approvisionnée de l’extérieur à
moins de trois mille milles de San Francisco – une
distance qui inclut les îles Hawaii et Galápagos et la
côte de l’Amérique centrale.
Alfred Mahan, “The United States Looking Outward”, The
La guerre de 1898 crée les bases
géopolitiques de l’hégémonie
Quand les US transforment leur
domination potentielle en
domination réelle (après la 1GM),
en Europe naît l’idée d’une
unification continentale
Toutes les théories et
hypothèses d’unification de
l’Europe ont avant tout le but
de trouver un contrepoids à
l’hégémonie des États-Unis
Le nationaliste allemand Karl Ernst
Haushofer
Le libéral anglais John Atkinson
Hobson
Le marxiste autrichien Karl
Kaustky
Le radical français Aristide
Briand
Le démocrate austro-japonais Richard
Nikolaus von
Coudenhove- Kalergi
“Une Europe politiquement fragmentée serait inévitablement à la merci d’une invasion russe; une Europe divisée par des barrière douanières serait incapable de faire face à la compétition
La caractéristique commune de tous les courants
de la politique étrangère des États-Unis
(isolationnistes, « internationalistes », idéalistes et réalistes)
est
la volont
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sup
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mondiale du pays
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Ils héritent de la préoccupation
qui fut du Royaume-Uni
quand celui-ci dominait le monde :
empêcher qu’une coalition
de forces rivales ne se forme
Les États-Unis sont intervenus
en Europe en 1917 et en 1941
parce que c’était dans
«
leur intérêt géopolitique de
prévenir la domination d’une
puissance hostile en Europe
»
Et «
dans la seconde moitié du
XXe siècle (en fait, depuis 1941),
ils ont mené trois guerres en
Asie justifiées par le même
principe, au Japon, en Corée et
au Viêt-nam
»
Les USA reviennent
Les USA reviennent
à
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orie du
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heartland
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Qui gouverne le
heartland
contrôle la masse eurasiatique ;
qui gouverne la masse eurasiatique contrôle le monde
Les États-Unis héritent de la préoccupation qui fut
du Royaume-Uni quand celui-ci dominait le monde :
empêcher qu
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’
’
une coalition
une coalition
de forces rivales ne se forme
de forces rivales ne se forme
Le risque principal de la politique mondiale
(c’est-à-dire pour le Royaume-Uni, selon Mackinder) :
un «
bouleversement de l’équilibre des forces
Nicholas
Nicholas
Spykman
Spykman
(1893–1943)
déplace le centre de gravité de la
politique internationale du
heartland
au rimland, l’anneau
autour du heartland
(l’“inner
crescent” de Mackinder)
Le
rimland
rimland
est la zone tampon entre
landpower
et
seapower
Le contrôle du rimland
permet d’isoler le heartland,
en l’empêchant de former des
alliances avec une « puissance
latérale » pour dominer
la
world island
America’s Strategy in World Politics: The United States and the Balance of Power (1942) World I
Il formule dès 1942
les axes principales de
la politique étrangère américaine de l’après-guerre :
1) l’endiguement vis-à-vis de l’URSS
2) une solide alliance avec une Allemagne et un Japon
suffisamment forts, et
3) la considération de la faiblesse structurelle de la Russie
Même si la thèse du
containment
ne sera formulée qu’en 1947
par George Kennan,
Spykman est appelé le « parrain de l’endiguement »
Spykman’s Rimland Post-war (1960s) American containment
La chose est d’autant plus
surprenante que, depuis
1942, les
États-Unis et l’URSS
étaient alliés contre
l’Allemagne
Spykman n’est pas un
traître : ses hypothèses
sont fondés sur
l’expérience de
la « double guerre »
américaine
Spykman dessine
les axes principaux de
l’après-guerre américain
Barents Sea (1)
Gulf of Finland (6)
Bering Strait (3)
Sea of Okhotsk (8)
Vladivostok (9)
La faiblesse structurelle
de la Russie
Selon Spykman, Mackinder et
beaucoup d’autres,
le heartland
jouit d’une position défensive
solide, mais il ne peut à lui seul
exercer un rôle substantiel car
1) sa force économique et ses
ressources naturelles sont
concentrées à l’ouest de l’Oural,
2) l’absence d’accès à des mers
navigables toute l’année
l’empêche de constituer une
menace à la domination des
océans exercée par les États-Unis
(seapower)
S’il en est ainsi,
pourquoi est-il aussi important
d’isoler le heartland ?
Le véritable risque était qu’une
grande puissance du rimland
(Allemagne, Japon voire Chine)
puisse unir ses forces avec le
heartland russe, en devenant
ainsi capable de dominer le
continent Eurasien et de
menacer la suprématie des
États-Unis
Le but de l
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’
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alliance avec
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l
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’
Allemagne et le Japon
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les empêcher de former une
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(Petite parenthèse)
Toutes les alliances revêtent ce caract
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è
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re dual
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Elles sont faites pour s
Elles sont faites pour s
’
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aider, se contrôler
aider, se contrôler
et se combattre en même temps
et se combattre en même temps
“We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies.
Only our interests are eternal and perpetual” (Lord Palmerston, 1844)
« Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts » (Charles de Gaulle)
Depuis 1898,
l’un des objectifs constants de la politique étrangère
américaine a été l’affaiblissement des empires coloniaux,
et de la Grande-Bretagne en particulier
Pendant la Seconde guerre mondiale, les politiques de la
« capitulation sans conditions », du « second front » et de la cession de l’Europe
centrale et orientale à l’URSS sont des étapes de ce parcours « anti-impérialiste »
Après la guerre, la création d’Israël,
L’alliance avec l’Allemagne et le Japon
vise autant à en faire un rempart contre l’URSS
qu’à empêcher qu’elles puissent s’allier avec l’URSS
Cette préoccupation n’avait rien à
voir avec le « communisme » :
les États-Unis feront de la Chine
maoïste le principal
contrepoids continental à l’URSS
Cette préoccupation avait peu à voir
avec l’URSS en tant qu’État aussi
C’était une préoccupation
de nature géopolitique,
qui persistera après
1997
« Comment éviter l’émergence
d’une puissance eurasienne dominante et antagoniste
demeure une question centrale pour la capacité
américaine d’exercer la primauté mondiale »
« Il est impératif qu’aucun challenger eurasien
n’émerge, capable de dominer l’Eurasie
et donc aussi de défier l’Amérique »
La préoccupation principale demeure la même :
qu’une grande puissance du “rimland” (Allemagne,
Japon voire Chine) joigne ses forces avec le “heartland”
La “théorie du domino ”
Si […] l’Indochine passe aux mains des communistes, l’effet final sur notre et votre situation stratégique globale, avec le déplacement conséquent du rapport de puissance dans toute l’Asie et le Pacifique, pourrait être désastreux et, je le sais, inacceptable pour vous et moi. Il est difficile de voir comment la Thaïlande, la Birmanie et l’Indonésie pourraient rester hors d’atteinte des communistes. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas nous permettre. La menace vers la Malaisie, l’Australie et la Nouvelle Zélande serait directe. La chaîne insulaire maritime serait rompue. À moyen terme, les pressions économiques sur le Japon – qui serait privé des marchés et des sources non-communistes de nourriture et de matières premières – seraient telles qu’il est difficile de voir comment on pourrait empêcher le Japon d’atteindre un accord avec le monde communiste qui combinerait la main d’œuvre et les ressources naturelles de l’Asie avec le potentiel industriel du Japon.
What about China?
For Spykman (1942), China
will be a great emerging power after
the defeat of Japan
The aim of the US-Japan alliance
after the war is to prevent Japan
from allying with Russia
but also, in the future,
with China
The America policy toward China
has been discontinuous
But, eventually, it followed
Spykman’s recommendations
For the United States, China is
at the same time an allied against
Russia, a threat vis-à-vis Japan
and a “strategic competitor”
“China is a great power with unresolved vital interests, particularly concerning Taiwan and the South China Sea. China resents the role of the United States in the Asia-Pacific region. This means that China is not a “status quo” power but one that would like to alter Asia’s balance of power in its own favor. That alone makes it a strategic competitor, not the
‘strategic partner’ the Clinton administration once called it”
Doctrine Monroe (1823)
Ruée vers l’Ouest (1850)
Convention de Kanagawa (1854)
Guerre hispano-américaine (1898) Guerre 1898
Guerre en Europe (1917-1918)
Guerres en Europe et en Asie (1941-1945)
Les États-Unis ont été
la première puissance
tricontinentale de l’histoire
En 1945,
les États-Unis
sont dans la
condition de
redessiner la
carte du monde
Ils peuvent
compter sur
quatre facteurs
principaux:
1) leur supériorité
économique
absolue
2) leur supériorité
militaire absolue
3) l’impuissance de
leurs alliés
4) la commune
volonté russe de
soumettre
l’Europe