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La m
La m
é
é
thode g
thode g
é
é
opolitique
opolitique
Introduction
Comment l’analyste géopolitique
doit se comporter
face à un problème spécifique
Répondre aux questions :
Qui veut quoi ?
Pourquoi ?
Avec qui ? Contre qui ?
Dans quel contexte ?
L’analyse géopolitique
Étapes :a) Identifier le problème
b) Identifier les acteurs en jeu
c) Identifier les intentions réelles, en excluant les motivations idéologiques et morales, en se basant sur les intérêts et les nécessités économiques, les intérêts et les nécessités
stratégiques, les raisons de prestige et/ou de crédibilité, les héritages du passé et les contraintes de la géographie
d) Repérer les alliances actuelles ou potentielles, et les oppositions actuelles et potentielles ou, plus en général essayer de comprendre, sur la base de leurs motivations, comment les autres acteurs sont susceptibles de se positionner
e) Identifier les contraintes (géographiques, historiques, idéologiques, démographiques, économiques, militaires, stratégiques, etc.)
f) Éventuellement : faire des hypothèses (quelle sont les conséquences plausibles d’une telle ou telle autre action)
Géographie Histoire
Traditions & idéologies Démographie Économie Armements Relations diplomatiques Institutions Leadership politique
Comment fait-on pour mettre de l’ordre parmi ces éléments de façon à ce qu’ils deviennent significatifs, c-à-d qu’ils
offrent une réponse à notre questionnement ?
Nous avons dit que
la g
la gééopolitique est dopolitique est d’’abord abord l
l’é’étude des contraintestude des contraintes
qui limitent et conditionnent la volonté politique Quelques-unes de ces
contraintes sont des contraintes de longue durée et d’autres
plus conjoncturelles
Si l’on veut donner de l’ordre à notre analyse, il faut disposer les facteurs contraignants en ordre, du plus durables/stables au plus conjoncturel/transitoire
En plus, naturellement,
Géographie
Histoire
Traditions & idéologies
Démographie
Économie
Armements
Relations diplomatiques
Institutions
Leadership politique
Il faut faire attention dans le maniement de ces facteurs
quand on passe à l’analyse
d’un pays ou d’une région particulière :
dans chaque pays, ces facteurs sont toujours différents,
ont des poids toujours différents, et sont différemment
Nous avons vu, par exemple, que
pour la
Russie
le
facteur
géographique
a une importance
décidément supérieure aux autres
facteurs, alors que
pour la
Turquie
compte
davantage le
facteur
historique
,
pour
certains pays européens
et le
Japon
, le
facteur
démographique
est en train
de prendre un poids toujours
plus décisif,
et pour la
France
,
le facteur le plus transitoire, le
leadership politique
, risque de
Mais, quel que soit le poids
des différents facteurs,
il faut toujours commencer
par le facteur le plus durable:
la g
la g
é
é
ographie
ographie
Nous avons dit que
la g
la g
é
é
ographie
ographie
repr
repré
ésente l
sente l’é
’él
l
ément constant
é
ment constant
d’un pays ou d’une région
Mais nous avons également dit
que
« constant » ne signifie pas
« immuable »
La géographie change elle aussi, mais
plus lentement
que tous les autres facteurs
Le «
déterminisme géographique
»
Ce n’est pas vrai que
la géographie
ne change pas
Parfois elle change de manière
fracassante
L’agriculture est
la première forme
de modification
consciente de la
nature par
l’homme pour la
plier à ses besoins
La « description
de la terre »
(géographie)
change
continuellement
sous l’effet de
l’activité humaine
Ce n’est pas non plus
vrai que la géographie
est l’élément le plus
important de l’analyse
géopolitique, loin de là
Nous avons vu qu’Aristote expliquait la supériorité politique
d’Athènes de son temps par des raisons d’ordre géographique
Ces conditions géographiques n’ont pas empêché la décadence d’Athènes, passée des 500 000 habitants environ de la période
d’Aristote à environ 4 000 au début du XIXe
Il faut néanmoins commencer par la
g
g
é
é
ographie
ographie
parce qu’elle demeure le facteur le plus stable, qui
conserve le plus longtemps ses caractères distinctifs
La ddéémographie et l’émographie économie sont indubitablement aujourd’hui conomie les facteurs contraignants les plus importants pour le JaponJaponMais l’analyse géopolitique devra nécessairement partir des éléments basilaires de la condition géographique
Le Japon « tourne le dos » à l’Asie parce que son système montagneux se trouve essentiellement
sur la côte occidentale et les concentrations
humaines se trouvent essentiellement
sur la côte orientale Cette configuration géographique
Le second élément le plus
important dans la
constitution de la « nature
géopolitique » d’un pays ou
d’un région est
l
l
’
’
histoire
histoire
Nous avons vu,
par exemple, que
la tendance
essentielle de
l’histoire
allemande
moderne est
le « Drang nach
Il est impossible de comprendre
les dynamiques politiques
européennes si l’on fait
abstraction de cette tendance
historique allemande
La question de l’élargissement
de l’Union européenne à partir
de 1991 est incompréhensible
si l’on ne tient pas compte
de cette régularité historique
Même la tendance à la
conciliation ou au conflit
avec la Russie s’explique
Une autre
régularité
historique dont on
ne peut pas faire
abstraction dans
l’analyse
géopolitique
est la tendance
de la France à
contrebalancer vers
la Méditerranée le
poids croissant de
l’Allemagne sur le
continent, depuis
François I
erà
Les régularités historiques peuvent devenir des
formes mentales, des traditions, des stéréotypes,
des idéologies, mais aussi des fardeaux
Par exemple,
la «
splendid isolation
»
britannique: d’élément
de force et de fierté,
Toutefois, même pour les îles
britanniques il faut
commencer par la géographie
Leur caractéristique
fondamentale, qui a façonné
leur histoire, est l’
insularit
insularit
é,
é
qui a joué un rôle opposé
à celui de l’insularité japonaise
L’histoire britannique a toujours
interagi avec le continent
La Manche a été une passerelle
mais aussi une barrière défensive
(souvent) infranchissable
C’est grâce à cette interaction
Mais il ne faut jamais oublier que l’analyse
géopolitique n’est pas un exercice intellectuel gratuit
Elle a une et une seule finalité :
contribuer
contribuer
à
à
comprendre les
comprendre les
«
«
myst
myst
è
è
res
res
de la politique internationale
de la politique internationale »
»
En décrivant les constantes géographiques, historiques et idéologiques des différents pays et régions, la géopolitique permet de dessiner le « cadre » dans lequel les dynamiques politiques contemporaines s’inscrivent nécessairement
Comme le dit Robert Kaplan, si l’on
Identifier les intentions réelles, en mettant de côté
les motivations idéologiques et morales, en se basant plutôt sur les intérêts et les nécessités économiques,
les intérêts et les nécessités stratégiques, les raisons de prestige et/ou de crédibilité, les héritages du passé et
les contraintes de la géographie
Revenons au début:
Que faut-il faire pour analyser un problème spécifique
Il ne s’agit pas bien entendu d’un ordre d’importance pouvant être appliqué tel quel dans toutes les circonstances En règle générale, on peut dire que
a) les intérêts économiques et stratégiques et les raisons de prestige/crédibilité sont les mobilesles mobiles d’un acteur politique, b) les héritages du passé et les contraintes de la géographie sont
les rails
les rails de son action,
Dans le cas du conflit
entre l’Ukraine et la Russie,
par exemple, les motivations
idéologiques et morales sont
fortes sur les deux fronts
L’Ukraine affirme défendre le
principe de l’intégrité de la
souveraineté nationale et les
Ukrainiens en tant que
citoyens d’un même État
indépendant
La Russie affirme défendre
les droits des minorités et les
Russes en tant qu’ethnie
Identifier les intentions réelles (les « mobiles »)
les intérêts et les nécessités économiques, les intérêts et les nécessités stratégiques, les raisons de prestige et/ou de crédibilité,
Comme on l’a dit, cette hiérarchie n’est pas toujours respectée
Dans le cas de la Russie contre l’Ukraine,
la hiérarchie est carrément renversée:
en faisant valoir ses « droits » sur les territoires
de l’ex-URSS (en particulier slaves), la Russie vise
1) un résultat géostratégique
(arrêter la marche
de l’OTAN et de l’UE vers ses frontières)
2) et un résultat économique
(atteindre la taille indispensable
Les héritages du passé et les
contraintes de la géographie sont
les rails de son action
La politique agressive et
expansionniste de la Russie
est inscrite dans
son patrimoine génétique
Et celui-ci découle de l’expérience
historique vécue
Mais l’action de la Russie ne se déroule pas « sous vide »,
c’est-à-dire en suivant exclusivement les intentions, les intérêts
et la volonté des Russes
Elle a lieu dans la réalité physique, et donc elle rencontre des
« frictions », c’est-à-dire dans un système d’actions et de réactions
Parmi les « frictions », on doit compter :
l’attitude du gouvernement de Kiev
l’attitude des populations des l’Ukraine orientale
l’attitude des séparatistes
l’attitude de l’Allemagne
l’attitude des autres pays européens
l’attitude des États-Unis
etc.
Toutes ces « réactions » contribuent à détourner
l’« action » de Moscou, et doivent donc à leur tour
Il faut mettre les différentes volontés
politiques, les différents intérêts
en relation les uns avec les autres
Parce que la signification ne peut être trouvée
que dans cette relation
C’est pourquoi on parle de « relations internationales »,
c-à-d la résultante de la somme de multiples forces inégales qui
agissent dans ce champ de force particulier qu’est le monde
Une force est un vecteur qui a une direction