• Tidak ada hasil yang ditemukan

Ces femmes vivaient ainsi dans cette partie de la ville, se prostituant et buvant l’alcool illicite. Elles étaient habituées à entrer et sortir de la prison, mais cette vie était le seul moyen de survivre dans un environnement où il y avait la pénurie de tout. Les actions de ces femmes étaient par ailleurs une sorte de riposte à la dictature qui tenait la population sous un régime dictatorial où l’opinion dissidente était interdite. Sous ce type de dictature, « toute résistance ou rébellion des populations y fut presque toujours punie de façon violente » (Porteous 2003, 309). Ce type de régime s’assure d’une « évolution autoritaire » et « une militarisation du pouvoir » d’après Lagrange et Vircoulon (2008, 653).

Néanmoins, Mohamed montre à travers ce roman que malgré tous les efforts du régime militaire à la coercition pour forcer la population somalie à donner leur consentement, cette dernière était déterminée à manifester sa résistance contre la dictature. En Somalie, pendant cette période, si vous ne vous conformiez pas aux règles du régime militaire, vous pourriez faire face à la torture et à l'emprisonnement et parfois même à la mort. En dépit de tous ces dangers, les Somalis se sont levés contre le régime militaire. Comme le montre l’analyse ci-dessus, les Somalis, y inclut les femmes, avaient conçu des moyens différents comme stratégies contre-hégémoniques.

aux Indiens jugés illettrés et acculturés. Macaulay dans son allocution condescendante avait réclamé à propos du peuple indien que « We have to educate a people who cannot at present be educated by means of their mother-tongue. We must teach them some foreign language ». Les stéréotypes des féministes et autres critiques contre la polygamie sont similaires à ceux de Macaulay qui, selon Said (2003,152) réclament que d’autres pratiques culturelles sont intellectuellement subordonnées aux pratiques culturelles occidentales. Celle-ci est une hégémonie culturelle que la narratrice du roman tâche de combattre. Selon elle, les Africains sont capables de faire leurs propres choix et de décider comme tout le monde ce qui est bon ou pas pour eux. Comme Spivak (1988), la narratrice insiste sur le fait que les Africains ont la capacité de parler et de décider de leur sort même dans leur situation de subalternes. Les Africains n’ont pas besoin d’être représentés, ils peuvent se représenter, contrairement aux réclamations de Marx. Elle insiste : « Ah ! Que de gens avaient vécu dans le bonheur avant qu’on leur dise que ce n’était pas de ainsi qu’il fallait vivre

! » (RCS 115). Cela dit, la narratrice ne cherche ni à justifier la polygamie ni à noircir le système monogame, mais ce qu’elle essaie de faire est d’accentuer le fait que chaque peuple doit avoir la chance de prendre ses propres décisions. En fait, elle n’hésite pas à souligner les problèmes qui relèvent des mariages polygames.

La narratrice montre aussi qu’il y a des situations où les subalternes ne peuvent pas parler, mais doivent se soumettre même quand ils sont conscients de leur exploitation. Fattah (1993, 123) remarque que la culture occidentale effectue des efforts constants et infatigables pour imposer des valeurs aux autres ce qui représente une hégémonie culturelle. De plus, l’Occident utilise ses propres normes et standards comme mesure universelle selon laquelle tout comportement devrait être jugé. Il s’agit de ce type de comportement que conteste Ken Bugul dans Riwan ou le chemin de sable.

Le cas du Serigne et ses épouses revient comme exemple d’une situation où il pourrait être nécessaire de laisser les gens prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leur culture. La plupart des épouses du Serigne étaient dans la situation de mariage polygame par leur propre choix. Elles ne se plaignaient pas de leur condition et vivaient heureux dans une communauté avec leurs co-épouses. Néanmoins, il y en avait d’autres, comme Rama, qui n’étaient pas contentes d’être dans une telle situation. C’était celles qui avaient été données au Serigne comme dons par leurs pères ou par leurs familles. Rama n’était pas contente d’être remise au Serigne comme une de ses épouses. Nonobstant, le fait qu’elle est allée vivre avec le Serigne comme épouse, elle le faisait parce qu’elle ne pouvait pas protester contre la décision de son père et elle ne pouvait pas parler contre une pratique qu’elle savait être exploitante des femmes. Dès qu’elle avait appris la nouvelle de son mariage au Serigne, un homme qu’elle n’avait jamais rencontré avant, elle avait commencé à se poser des questions : « Comment pouvait-elle être remise au Serigne ? Pourquoi elle ? Était-ce pour

cela que sa mère et sa tante paternelle avaient cet air et cette attitude de désolation et en même temps de résignation face à la volonté du père ? De quel Serigne s’agissait-il ? Du Serigne de son père ? Lequel ? Le père, le fils, le neveu ? » (RCS 42). Sa mère et sa tante paternelle n’étaient également pas contentes du mariage de Rama, mais elles ne pouvaient pas parler contre le père.

Dans cette société où l’homme disposait du pouvoir, même la famille maternelle n’avait pas de voix et de droit dans la prise de décision du mariage de la jeune fille. (Guèye 1998, 309) dénonce « l'égoïsme et l'inconscience » des hommes polygames. Étant donné son âge, Rama ne devait que suivre ce qu’elle avait été ordonnée de faire :

La sensation étrange qui submergea Rama était indescriptible. Devant une telle situation, il était presque impensable de régir. Qui pouvait réagir ? Qui osait réagir ? Et réagir à quoi, d’ailleurs ? Que signifiait réagir ? Dans une société régie par des dogmes, des règles, des rites institutionalisés, la réaction n’était pas prévue. Et puis, encore une fois, régir à quoi ? Que pouvait dire une petite fille d’un peu plus de seize ans pour se faire entendre ? Une petite fille de Mbos dont le sens critique n’était pas encore forgé, ne pouvait pas affronter son père et toute une société. Et qui oserait réagir quand il s’agissait du Serigne, du Grand Serigne ? (RCS 42-43).

Ces réflexions de Rama font qu’elle était consciente qu’elle et d’autres subalternes ne pouvaient pas parler, au moins dans cette situation. Personne ne pouvait parler contre toute une culture ou contre le Grand Serigne qui avait le statut d’un demi-dieu dans la société. Dans une société où la plupart des mariages étaient arrangés entre familles quand les mariés étaient toujours enfants, Rama était néanmoins consciente de ses propres besoins. Elle savait tout de même qu’« appartenir à une société à laquelle il fallait se plier sans amertume n’excluait pas d’éprouver des sentiments » (RCS 43). Rama n’avait d’autre choix que de respecter le souhait de son père, mais elle avait toujours apporté des sentiments personnels avec elle à la concession du Serigne :

Rama fut envahie par un sentiment qui ne lui était pas inconnu, du moins dans les préceptes de son éducation : elle allait rejoindre un homme. Sans le pagne sacré avec lequel on recouvrait la mariée. Se soumettre. Accepter. Obéir.

Dans son cas, Rama ne savait pas si c’était de l’obéissance ou de la soumission. Une seule certitude pour elle : ce n’était pas de son plein gré. Était-ce par rapport à son père ou à sa société ? Pour le moment c’était son père, c’était sa société. Elle ne pouvait pas perdre l’un sans perdre l’autre. La société était plus puissante que le père. Elle avait plus de droits. Car appartenir à ces sociétés-là était un pacte, une alliance qu’il ne fallait pas rompre pour quelque raison que ce soit. C’était aussi un choix : vivre ou mourir (RCS 51).

Comme nouvelle épouse du Serigne, Rama devait être auprès de lui pendant les premiers jours de son arrivée. La présence de Rama auprès du Serigne avait bouleversé la narratrice. Elle n’était plus l’épouse

préférée du Serigne, car la nouvelle épouse l’avait déplacée. Elle était jalouse d’être déplacée par une si jeune fille, elle qui n’était pas comme toutes les autres. Mais c’était la réalité. Pour Rama, la position privilégiée à côté du Serigne ne voulait rien dire. Elle ne se sentait pas à l’aise en présence du Serigne qui était un homme de l’âge de son père. Pourtant, elle ne pouvait rien faire pour sortir de cette situation de quasi-esclavage sexuel : « Rama se rendait compte maintenant, mais toujours comme dans un rêve, qu’elle était prise dans un engrenage dont elle ne pouvait se dégager. Elle était piégée. Impuissante face à son père, impuissante face à cette forme d’allégeance. Elle n’avait rien tenté non plus pour y réagir » (RCS 67).

La polygamie implique la « soumission de la femme à l'autorité et aux exigences, y compris sexuelles, de son époux, contrôle des activités des femmes en dehors du foyer par le mari » (Kian 2010, 51). Rama ne pouvait qu’obéir et suivre ce que lui ordonnait le Serigne.

Appartenant au Serigne, Rama ne connaitrait plus la vie d’une fille ordinaire. Elle n’avait plus la chance de vivre une vie normale comme toutes les autres jeunes filles de son village. Elle n’aurait plus la chance de connaître « les rites et les pratiques » de sa culture (RCS 75-76). En plus, elle n’aurait plus un mariage normal qui demandait la vérification de la virginité de la jeune fille par la famille de la jeune fille et celle du mari. C’était un des rituels les plus importants pendant la cérémonie du mariage d’une jeune fille. Dans cette société, le mariage n’était qu’une simple cérémonie, c’était un procès. Mais Rama « n’aurait su dire si elle avait été trouvée vierge ou non, après cette nuit passée pour la première fois avec un homme. Un homme âgé, un homme qui, aux yeux de son père, n’était pas un simple mortel, mais le Serigne, le Grand Serigne, celui par qui on pouvait accéder au Paradis » (RCS 78). Bozon (1990, 328) note qu’en « faisant épouser les adolescentes par des hommes mûrs, les familles, qui jouent un rôle déterminant dans l'appariement, établissent solidement la domination masculine ». La polygamie est donc un système hégémonique.

Rama était aussi consciente de la perte de sa liberté par son mariage au Serigne. À la différence des autres femmes qui considéraient le fait d’être mariée au Serigne comme un honneur et une chance, Rama savait qu’elle avait perdu toute une vie en devenant l’épouse du Serigne. Même si elle ne pouvait pas retrouver sa voix pour protester contre ce mariage, elle gardait toujours cette réalisation dans sa tête. Elle ne pouvait même pas se permettre les petits plaisirs de jeune fille, comme le parfum par exemple, car elle ne voyait pas la nécessité lorsque comme toute autre épouse du Serigne, elle restait enfermée dans la concession. Rama se posait beaucoup de questions concernant sa situation : « Que vais-je faire avec de la poudre et du parfum

? Je suis remise à un Serigne, je ne peux plus mettre mon xit mbal, je ne dois plus faire ceci, je ne dois plus

faire cela, je ne peux plus chanter, je ne peux plus danser, je ne peux plus rire aux éclats, je dois toujours baisser la tête » (RCS 93).

Malgré le fait que Rama était la dernière femme du Serigne, elle n’était pas la plus préférée. Une autre épouse du nom de Sokhna27 Mame Faye était arrivée à la concession du Serigne une dizaine d’années plus tôt. C’était également une fille différente des autres épouses du Serigne du fait qu’elle est allée à l’école :

« Avec l’arrivée de Sokhna Mame Faye, ce fut la première fois que le Serigne recevait une fille qui était allée à l’école, l’école des anciens occupants », et elle était l’épouse préférée du Serigne à cause de son éducation qui lui donnait une différence que les autres épouses ne disposaient pas (RCS 99). On dit que :

Sokhna Mame Faye était assez privilégiée, car elle était la plus proche du Serigne. Elle avait été la favorite du Serigne, pas une vraie favorite comme on l’entendait habituellement. Le Serigne était plus proche d’elle parce que sa cour était attenante à la sienne et parce qu’elle avait été à l’école. Elle savait lire. Elle pouvait lire la correspondance du Serigne écrite en français, lire les étiquettes sur les emballages des diverses choses que le Serigne recevait de ses disciples dispersés à travers le monde (RCS 106).

La présence de Sokhna Mame Faye ne faisait qu’augmenter la désolation et frustration de Rama. Elle constatait que toute cette affaire du mariage au Serigne n’était qu’une forme d’exploitation. Elle ne se sentait plus aimée ni par le Serigne, ni par sa famille et elle devenait de plus en plus décontenancée. On lui disait seulement de ne pas se plaindre et de ne pas montrer sa désaffection avec la situation. En vérité, Rama avait perdu ses droits en tant que femme et en tant qu’individu, comme observé par Lydon (2007) dans les situations pareilles. Sa tante paternelle lui disait de suivre des ordres et de ne pas faire autrement :

Rama, écoute-moi. Ne me fait pas honte. Ici c’est la maison d’un grand Homme, d’un Grand Serigne. Tu es ici pour gagner le paradis. Tu es venue ici pour travailler. Ici on ne pleure pas, on ne crie pas, on ne se plaint pas. Tu dois fonctionner suivant le Ndigueul, l’Ordre, et te soumettre entièrement, totalement. N’oublie jamais cela. Tu es la compagne d’un grand homme, d’un proche de Dieu. Fais attention, fais attention, fais attention (RCS 94).

Pour les autres épouses du Serigne, comme pour beaucoup de femmes dans ce type de mariages, « la polygamie [était] source de travail de sécurité physique et de prestige » (Lardoux et van de Walle 2003, 808).

Mais Rama devait être satisfaite du fait que le Serigne offrait l’accès au Paradis parce qu’il était proche de Dieu. Les autres, hommes et femmes de la concession du Serigne, se contentaient également de cette réclamation. Mais ce n’était pas assez pour assouvir les besoins de Rama qui était encore une jeune fille

27 Titre donné à une femme mariée. Rama par exemple était aussi appelée Sokhna Rama.

avec beaucoup d’ambitions et avec toute la vie devant elle. Elle ne pouvait pas être satisfaite simplement parce qu’elle était une épouse d’un Serigne, un Serigne qui avait pourtant une vingtaine d’autres épouses.

Mais Rama n’était pas la seule qui devait obéir aux ordres du Serigne et se soumettre à lui. Toutes les autres épouses du Serigne vivaient aussi cette vie de soumission et d’allégeance au Serigne. Chaque jour, du lever au coucher du soleil, les femmes du Serigne passaient leur temps entre elles, discutant des choses différentes et s’amusant de leur propre façon sans déranger la paix dans la concession. Elles passaient aussi le temps à travailler pour trouver un peu d’argent. Les femmes du Serigne fabriquaient les pagnes brodés à la main, qu’elles vendaient pour toucher de l’argent :

Ces femmes qui quelque part étaient financièrement indépendantes, car cet argent elles ne le remettaient pas au Serigne. Bien que chez le Serigne il ne se posât pas de problème matériel, tous les besoins de sa famille étant satisfaits par lui, les femmes avaient toutes les occupations génératrices de revenus personnels. C’était essentiel pour la femme de s’occuper, de travailler, de gagner sa vie par elle-même. Dieu n’était pas contre le travail des femmes. Sinon comment la plupart des prophètes auraient-ils pu accomplir leur mission sans assistance de femmes riches de ces époques-là ? Xadija ! Merci! (RCS 93-94).

Donc, malgré la perte de leur droit de parler et de certaines libertés, les femmes du Serigne avaient au moins la liberté de travailler. Ceci est contraire aux revendications de certains Islamistes qui réclament que la femme musulmane ne doit pas travailler, d’où la référence à Xadija, l’épouse du Prophète Mahomet. C’est aussi contre la croyance de certains féministes qui pensent que la polygamie ne permet pas la liberté de travailler à la femme (Le Renard 2010, 79). Néanmoins, les épouses du Serigne devaient toujours l’obéir et suivre le Ndigueul.

Il y avait aussi d’autres « résidents, les visiteurs d’un jour ou deux, les visiteurs à vie et le mouvement incessant des disciples » (RCS 105). Tous devaient se soumettre et obéir au Serigne. Il y avait aussi l’Homme-Gardien et Riwan, qui, comme les autres, devaient suivre le Ndigueul. Ces hommes étaient également soumis et impuissants face au Serigne qui manifestait une domination totale sur les visiteurs et sur les occupants de la concession. Mais finalement Rama avait défié le Serigne et tout le respect qui l’accompagnait. Étant une si jeune fille, Rama avait ses propres besoins qu’un homme de l’âge du Serigne ne pouvait pas satisfaire. Rama n’était pas comme Riwan ou les autres épouses du Serigne. Elle n’était pas non plus un disciple du mouridisme et ne devait pas donc suivre le Ndigueul. Rama n’était non plus comme la narratrice qui malgré son éducation occidentale avait accepté d’être la vingt-huitième épouse du Serigne.

Par ses propres mots la narratrice reconnaissait qu’elle avait été dominée par le Serigne. Elle avoue qu’« à présent, dans ce village où j’étais revenue pour mourir ou naître, j’étais devenue brusquement l’épouse du

Serigne, la plus haute autorité de tous les environs, la référence morale, matérielle, spirituelle, presque le garant du Paradis » (RCS 161). Au moins, la narratrice était devenue l’épouse du Serigne par son propre choix. Elle continue que le Serigne « m’avait voulue, il m’avait prise. Comme ça » (RCS 161). C’était une pratique qui devait simplement être respectée pour garder l’identité patriarcale d’une société où les hommes avaient le dessus dans les relations entre les hommes et les femmes (Baffoun 1994, 6).

Rama avait donc une voix refoulée par sa situation, mais elle l’utilisait par ses actions, contre l’hégémonie masculine en défiant le Serigne et son père. La narratrice la décrivait même comme « la fille effrontée » à cause de son attitude rebelle (RCS 212). Elle avait eu des rapports sexuels avec un « jeune homme grand et très mince, de plus en plus étrange et intrépide » qu’elle avait accosté dans la concession du Serigne (RCS 208). Rama voulait « assouvir un désir aveugle et violent » (RCS 209). Mais, à cause de ses actions honteuses qui n’étaient pas attendues d’une épouse du Serigne, elle avait dû quitter la concession pour regagner la maison de ses parents : « Nul ne savait comment Sokhna Rama avait quitté la concession.

Pourtant la veille, elle était bien là, belle et terriblement présente » (RCS 214-215). C’était ainsi par l’engagement dans l’acte sexuel et par sa disparition que Rama avait pu parler contre l’injustice à l’encontre des femmes dans la concession du Serigne. Dès ce moment, « personne n’osait commenter l’événement mais tout le monde savait maintenant que Rama s’était enfuie. C’était la première fois qu’un tel scandale se produisait chez le Serigne » (RCS 216). Dès lors, le Serigne qui représentait l’hégémonie masculine inouïe

« s’enferma dans un mutisme inhabituel. Pendant toute cette journée il garda ses yeux fermés, refusant même de toucher ses repas. L’Homme-Gardien renvoya la plupart des visiteurs. Le Serigne était indisposé, il fallait repasser le lendemain » (RCS 216). Rama qui avait pu donner une voix à des femmes du Serigne avait donné un coup décisif à l’homme qui représentait tant de pouvoir.

Le jeune homme étrange était victime d’un mal nébuleux et un matin il était revenu chez le Serigne pour chercher de l’aide. Malheureusement, « le Serigne mourut ce même matin, un de ces matins qu’il aimait tant.

À Dianké. C’était jour de marché. Un lundi » (RCS 217-218). Les actions de Rama s’étaient révélées contre- hégémoniques, et il s’agissait d’un coup contre le patriarcat, qui est une composante de l’hégémonie masculine. Apostolidis (2008, 547) observe que les gens ordinaires peuvent articuler des défis fondamentaux à l'hégémonie. Plus important encore, les actions de Rama étaient inédites et devaient signaler la libération des femmes qui étaient soumises à l’hégémonie masculine. Mais mystérieusement, la maison des parents de Rama était brûlée à terre le même jour de son arrivée chez elle :